mardi 24 février 2015

Quelles protéines verrons-nous demain dans nos assiettes ?

Préparez-vous, notre façon de consommer des protéines va bientôt changer !Les faits sont là : depuis 1998, les français mangent de moins en moins de viande(1). Les explications sont multiples : crise économique (la viande est chère, d’où une augmentation des ventes de la viande blanche, plus abordable), changement de nos modes de vie (moins d’envie et de temps pour préparer les repas), crises sanitaires à répétition (si bien que l’on n’est plus très sûrs de la qualité de la viande que l’on mange), désir d’évolution vers une consommation éthique et durable, …

Protéines : des innovations très attendues

Il y a urgence ! Les experts de la FAO, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, s’alarment.

Les chercheurs et les industriels doivent absolument innover pour :

  • Nourrir de façon saine et équilibrée les 9 milliards d’habitants qui devraient peupler la Terre en 2050 (voire 11 milliards d’humains en 2100).
  • Arrêter le gaspillage en eau et en énergie engendré par la production de viande (des pays comme la Chine et le Brésil ont largement augmenté leur consommation de viande, eux).
  • En France, compléter en protéines nos repas moins riches en viande.
  • En 2020, le marché mondial des protéines issues de sources innovantes devrait se situer aux alentours de 1,71 milliards d’euros.

Les français, friands de nouveautés ?

Innover, c’est très bien mais… nous voilà un peu inquiets.

Le pôle de compétitivité Vitagora à Dijon a commandé une enquête internationale(2) à Ipsos dans cinq grands pays : la France, l’Allemagne, les États-Unis, le Japon et la Russie. Objectif : appréhender au mieux les attentes des consommateurs d’ici à 2020.

Verdict :
« Ce qui domine dans tous les pays interrogés, c’est l’importance de trois paramètres : l’aspect gustatif avec la notion de plaisir alimentaire, la préservation du capital santé, et enfin le bien-être environnemental. Le consommateur ne se fait plus plaisir s’il sait que le produit a dégradé l’environnement. On constate donc un retour aux racines qui émerge dans tous les pays avec la préférence donnée aux circuits courts, aux productions locales, au retour à l’authentique et au naturel. Et le français apparaît comme le plus réfractaire à la nouveauté ».
Réfractaires à la nouveauté, nous ? Alors lisez vite la suite…

Alimentation : les protéines du futur

Alors, qu’allons-nous voir arriver dans nos assiettes ?

Les protéines de la mer : les micro-algues

Les micro-algues offrent des perspectives intéressantes car elles sont d’excellentes sources de protéines. La spiruline, par exemple, en contient jusqu’à 70 %.

Les chercheurs restent optimistes. De petites structures se développent dans la culture et l’exploitation des algues. Les ressources maritimes retiennent particulièrement leur intérêt, dans le sens qu’elles n’utilisent pas de surfaces agricoles qui risquent bientôt de ne plus être assez nombreuses pour nourrir toute la population.

Que le consommateur se rassure, ces « légumes de la mer » seront intégrés dans de la farine, pour en faire des pâtes, des céréales et des boissons, et pas à consommer tels quels !

De grands chefs cuisiniers s’y intéressent même de près pour les intégrer dans des sushis frais, très appréciés par les Français. Une nouveauté bien appétissante, n’est-ce pas ?

Déjà très appréciées : les matières protéiques végétales (MPV)

Issues de céréales et de légumineuses très riches en protéines comme le soja ou le lupin (comportant chacun 40 % de protéines), les MPV présentent de nombreux avantages. Elles confèrent aux produits:

  • Une meilleure qualité nutritionnelle.
  • Des propriétés organoleptiques élevées.
  • Un faible impact environnemental.

On comprend ainsi facilement que les MPV, déjà très prisées, le seront plus encore à l’avenir, notamment par l’utilisation de certaines plantes très riches en protéines capables de pousser en Afrique ou en Inde, comme la moringa.

L’atout santé : les mycoprotéines des champignons

Extraites d’une espèce de champignon bien spécifique, le Fusarium venenatum, les mycoprotéines font leur apparition en 1995 en Grande-Bretagne. C’est une société anglaise, Quorn, spécialisée dans les substituts de viande, qui a réussi à obtenir 40 à 85 % de protéines de qualité supérieure à partir de ce champignon.

Le haché de Quorn, par exemple, est très riche en protéines et ne contient quasiment pas de cholestérol tout en étant très pauvre en matières grasses. De vrais bienfaits pour la santé !

Les insectes, un met d’avenir auquel il va falloir s’habituer

Dans le monde, 2,5 milliards d’habitants consomment déjà des insectes de façon tout à fait habituelle. Nous autres occidentaux avons souvent du mal à nous imaginer croquer une sauterelle grillée bien croustillante ou des vers de farine à l’apéritif, même s’ils ont un goût de noisette !

Les insectes sont pourtant riches en protéines, vitamines et minéraux, pauvres en graisses, donc excellents pour la santé. Leur élevage nécessite peu d’aliments, peu de sol, peu d’eau et dégage peu de gaz à effet de serre. Autant dire qu’il s’agit là d’un aliment à faible impact environnemental, comparé aux élevages ovins et bovins dont l’impact sur l’environnement est catastrophique.

En France, il existe 2 difficultés de taille.

La réglementation :
« En Europe, ce type d’aliments reste interdit par la réglementation novel food, rappelle Alexis Angot, cofondateur de la start-up Ynsect. Pour lever cette interdiction, il faut déposer une demande de mise sur le marché et réaliser des études très poussées sur les problèmes d’allergies ou de toxicologie. Ce qui demandera du temps et des moyens ».
Et les coûts:
« Ce type de production est difficile à rentabiliser en France, car les coûts énergétiques nécessaires à l’élevage sont élevés », explique Rémi Lantieri Jullien, cofondateur de Khepri. « Aujourd’hui, notre farine d’insectes revient à environ 500 euros par kilo, reconnaît Cédric Auriol, cofondateur de Micronutris. Notre principal challenge consiste à améliorer nos protocoles d’élevage pour diviser nos coûts par un facteur de 7 à 10 ».
 La viande artificielle, fabriquée en laboratoire

À première vue, cela ne nous met pas spécialement en appétit d’imaginer un steak de veau fabriqué in vitro à partir de cellules souches…

Les avantages sont appréciables : faibles besoins en eau et en énergie, pas de terre mobilisées ni de gaz à effet de serre.

Mais… Produire un steak de veau coûte aujourd’hui presque 300.000 € ! Au cas où vous auriez les moyens de vous le payer, il vous faudra aussi décider d’avaler ou non les hormones de croissance et les antibiotiques qu’il contient. La production de ce steak nécessite également une ponction cardiaque sur les foetus des vaches gestantes menées à l’abattoir afin de récupérer des litres de sérum de veau foetal (le veau n’y survit pas). De sacrés progrès restent donc à faire dans la production de viande artificielle !

Il est bien évident que certaines de ces protéines innovantes du futur ont plus d’avenir que d’autres. Serez-vous prêts à les déguster ? On en reparle bientôt !
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Source : http://www.consoglobe.com/proteines-futur-sans-viande-cg
Le 4 fév 2015, rédigé par Sandrine Pouchain

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